La grosse vous répond.

Hier, j'ai écrit un article sur le paradoxe de la grosse. Dans cet article, je me montrais en entier pour la première fois, je te donnais même ma taille et mon poids. Ce n'était pas du pur narcissisme, en fait pour moi ça allait bien au delà : j'essayais de prouver qu'on peut être grosse, qu'on peut s'accepter, et qu'on peut se trouver jolie quel que soit le corps qu'on se trimballe.
J'essayais de te montrer qu'aujourd'hui, on se retrouve face à une dualité un peu pourrie ou un corps en surpoids est forcément un gros tas, et ou une grosse nana qui est belle le sera "malgrè ses kilos en trop".
C'est ce "malgré" que je n'aime pas.
C'est surtout de ce "malgré" que je te parlais.
Moi j'estime que la beauté est indépendante de la couleur des cheveux, du tour de poitrine ou du poids. La beauté, c'est beaucoup plus que ça. Alors si on me trouve belle, qu'on me le dise, mais pas en l'assortissant du sempiternel "grosse". Qu'on me trouve belle pour moi, pour ce que je suis, et pas en dépit de kilos en trop. Qu'on me trouve jolie par ce que quelque chose en moi attire, mais pas malgrè mon surpoids.
Qu'on me trouve belle tout court.
Juste ça.

Et puis au final, dans vos commentaires tous plus gentils les uns que les autres, je me suis rendue compte que le message n'était pas forcément passé en totalité, que je n'avais pas su bien le transmettre et l'expliquer. En plus de ça, vous êtes tellement à vous être sentis concernés, touchés, impliqués, que je prefère faire une réponse générale plutôt que de vous répondre individuellement...j'en aurais eu pour la journée. Donc allons y pour la réponse groupée.


Un truc que j'ai reperé et qui m'à un peu ennuyée, c'est que vos commentaires, tout bienveillants, adorables et appreciés qu'ils soient, ont revelés une espèce de rivalité minces/grosses.
C'est exactement ce à quoi je n'adhère pas...Ce n'est pas par ce que je suis grosse que je hais les minces, ou que je m'oppose à elles. J'estime que nous somme toutes au même titre des femmes, formes rondes ou pas, bourrelets ou pas, os des hanches saillants ou pas. Je n'ai pas envie de dénier la beauté des maigres et des minces par ce que moi je n'y ai pas accès, au contraire! Je n'entends pas stigmatiser une catégorie qui me serait soi disant opposée.
La beauté ne s'arrête certes pas au 36, mais dire que "seules les rondes sont de vraies femmes" c'est estimer qu'elle commence au 42. Je n'ai pas envie de remplacer une discrimination par une autre, je voudrais juste que le corps des femmes, dans sa beauté et sa diversité, soit accepté. A mon humble avis, ce serait un sacré pas en avant pour notre societé.

Autre chose encore, souvent l'amalgame à été fait entre être grosse - manger. Oui, c'est vrai, un apport calorique exageré fait grossir, mais si c'était aussi simple que cela je crois bien que des obèses il n'y en aurait plus tant que ça. La grosse n'est pas qu'un ventre sans aucune volonté, qui avale des quantités insoutenables de Nutella frit dans l'huile. La grosse n'est pas un ogre incontrôlable, yeux fous et résidus de chantilly aux commissures des lèvres, plantée devant son frigo ou vautrée sur son canapé. Qu'on soit grosse à cause de troubles du comportement alimentaires, de problèmes d'hormones, de la génétique ou d'un quelconque trouble psychologique, nous sommes plus que des estomacs. Nous avons des vies, nous sortons, vivons, faisons du sport, mangeons des légumes et même, tiens toi bien, nous desertons les Mac Do. Le peuple des grosses à du courage et de la volonté et il serait trop facile de réduire le problème de l'obésité à un amour trop grand pour le chocolat couplé au contrôle mental d'une huître dessechée.

De plus, je ne cherche en aucun cas à faire l'apologie du surpoids. Je suis consciente des risques que cela entraîne pour la santé, je suis parfaitement consciente d'être essouflée plus vite que les autres rapport aux kilos surnuméraires que je trimballe, que mon coeur travaille plus et moins bien, que le cholesterol c'est le mal. Si je pouvais maigrir d'un claquement de doigt, je le ferais, crois moi. Mais manque de bol je ne peux pas, alors je mincis à mon rythme, sans me frustrer, sans me renier. Et c'est bien mieux comme ça qu'à l'époque ou la bouffe devenait mon obsession et ou je perdais 40 kilos en moins de 6 mois. Psychologiquement je me sens mieux, physiquement aussi. Alors je m'accepte, je ne me colle pas de pression, et ça paye.
Je ne veux pas que les gros dominent le monde (même si, dans une dimension parallèle, je suis ravie qu'un Tomi Perry de l'autre monde puisse envisager de virer sa cuti pour une nana comme moi), en fait je veux juste que les gros puissent vivre dans ce monde sans avoir à supporter, en plus de leur propre poids, celui de tout les regards degouté qu'on peut leur lancer.

Beaucoup d'entre vous me félicitent pour mon courage, comme si me montrer était un acte difficile, comme si je m'exposais malgré une tare averée. En soi, oui, c'était compliqué, mais pas plus que pour n'importe quelle nana pas habituée à se tenir devant l'objectif d'un appareil photo, c'était difficile par ce que mine de rien, c'est carrément compliqué de poser. Mais je n'ai pas de courage à proprement parler, je ne m'estime pas à plaindre, je ne vois plus mon corps comme un boulet que je ferais mieux de cacher. Me dire que j'ai du courage de m'exposer, c'est me prendre pour un Elephant Man moderne, voir mes rondeurs comme une tare, un handicap, un truc à dissimuler, et ça va à l'encontre de ce que j'essaie de faire et de montrer.

Enfin, on me parle souvent de la chine ds les commentaires. C'est vrai que j'ai cette chance d'avoir à la maison un homme qui me trouve belle, de pouvoir regarder dans ses yeux de chinois fourbes et m'y voir comme une bombe. Oui, les jours ou ça ne va pas et ou il m'accueuille en me parlant de la beauté de mon cul, c'est indéniablement un plus. Mais dans l'acceptation de soi, le chinois, il n'à rien à y voir. par ce que ce n'est pas dans ses yeux à lui que je dois me trouver jolie, c'est dans les miens. Et le jour ou je pourrais regarder mon corps avec ne serait-ce que la moitié du regarde emerveillé qu'il porte sur moi, là j'aurais gagné.
Bref, avant tout c'est d'une histoire d'acceptation de moi qu'il est question, pas d'une quête de la beauté pour plaire à un garçon. Il n'entre pas en ligne de compte sur ce coup là. Je pense qu'il faut d'abord s'affranchir du regard de l'autre, et se plaire avant tout à soi plutôt que de chercher l'approbation dans les yeux d'un garçon, quel qu'il soit.

Cela dit, je voulais quand même vous dire un grand merci, pour justement ces réponses en masse, ces réponses pour la plupart extrêmement bienveillante. J'ai aimé que certains d'entre vous se reconnaissent dans ce que je disais, j'ai aimé vos compliments, j'ai aimé votre gentillesse, j'ai aimé cette trace de votre passage et ces quelques phrases pour, chaque fois, me dire "je t'ai lu, j'ai kiffé". Que vous viviez la même chose ou que vous soyez l'exacte opposé, plus d'une fois vos commentaires m'ont collés les larmes aux yeux et je me suis un peu flagellée pour ne pas les laisser couler. Nan par ce que, faut pas déconner, j'ai une réputation à preserver :p
Vous n'imaginez pas, parfois, à quel point vous m'aidez.


Coeur et paillettes sur ta tête, tout ça tout ça.